Ceci peut être le mantra des gens qui ont honte d’être toujours en entreprise…
Avec la mondialisation, les nouvelles technologies, le nouvel ordre économique causé par le réveil de la Chine et d’autres peuples, la volonté manifeste des pays du Tiers-Monde de s’affranchir des anciens colons et de se développer, la solution miracle est devenue d’inciter à l’entrepreneuriat.
Des forums, des formations, des conférences, des débats télévisés, des télé-réalités, tout est mis à contribution pour éveiller le « dragon » qui sommeille en chacun et l’inciter à quitter les chaînes de l’employabilité et d’oser enfin se lancer, se jeter dans le vide, « quitter sa zone de confort » comme ils aiment à le dire.
Dans le meilleur des mondes actuels, l’entrepreneur, c’est celui qui aime prendre le risque, qui ose braver ses peurs, qui refuse de vivre dans la pauvreté, attendre un salaire mensuel, veut vivre ses ambitions et surtout « être son propre patron ».
Tout est peint en rose: se réveiller à l’heure qu’on veut; travailler de son lit ou au bord de sa piscine, voyager huit mois sur douze dans l’année, ne pas tirer le diable par la queue pour payer ses comptes. Je parie que vous avez déjà aussi reçu dans votre fil d’activités, des photos d’entrepreneurs sur le pont d’un yacht en croisière, sous un parasol à la plage au Panama, avec de beaux textes, (parfois irréel dans votre entendement), vous incitant à franchir le pas…
Et quand par un méchant malheur vous tombez sur interview, quand enfin, on consent à donner la parole à ce vaillant, il explique avec passion son parcours de combattant, semé d’embûches, de misères, de sacrifices et de sueurs, parti de zéro, il devient un héros; il a pris des risques, a tout plaqué un matin, mais avait eu quand même le soutien d’un être cher (lequel soutien vous ne pouvez espérer avoir et vous le savez au fonds de vous) et très fier de lui, il ne vise que de passer un seul message aux autres :
« Si tu n’as jamais entrepris une affaire, ta vie a échoué. Mieux tu es voué à une certaine forme de pauvreté à vie…
Avec Instagram, les fameux « statuts » de Whatsapp, les applications pour fabriquer ces fameuses « Quotenotes », plusieurs d’entre nous ont déjà lu des citations qui disaient de façon crue que travailler pour un patron, c’est manquer d’ambition, n’avoir aucune personnalité; c’est être sûr d’être voué à un salaire mensuel minable, de ne jamais s’offrir ses rêves et j’en passe. Des citations anciennes remodelées pour la circonstance, des discours de personnalités politiques comme Emmanuel Macron, des auteurs comme Robert Kiyosaki, tout est mis à contribution pour faire sentir à la personne qui fait carrière en entreprise que sa vie est un échec total. Des clubs d’entrepreneurs et néo-entrepreneurs surgissent de partout. Et des livres, des publications, des Masterclass, des E-books, tout y est pour aider à entreprendre et surtout y réussir. Sans oublier le nombre de coachs ou consultants qui surgissent de partout pour conseiller les gens qui se décident à se lancer en affaires.
Et si on décidait de voir le problème autrement?
Tout le monde n’est pas entrepreneur dans l’âme. Il existe des gens qui sont de nature dévouée, qui aime servir les autres, les aider, les soutenir dans leur projet et dans leur rêve et c’est dans cet esprit de sacerdoce qu’ils s’épanouissent. Ces gens sont des carriéristes.
Et si en réalité, ce sont ces personnes qui travaillent en entreprise qui sont les vrais héros de cette histoire?
Et si ceux qui entreprennent ne cherchent qu’à camoufler bien d’autres défis comme la difficulté à se soumettre à l’autorité ? Le manque d’humilité qui pousse à ne pas accepter de ne pas être l’élément clé ? La personne autour de qui tout tourne ? Celui ou celle qu’on admire, dont on parle ? Des gens qui ont du mal à se soumettre à des emplois du temps standards, qui ont du mal à rentrer dans un moule donné? Et si ce sont des gens qui préfèrent donner des ordres, mais qui n’ont aucun sens de la médiation en équipe ? Qui préfèrent faire du défilement ? De l’évitement?
Quid de tous ces entrepreneurs qui échouent mais dont personne ne veut parler?
Et si entreprendre est en réalité plus facile que faire carrière ? et s’il suffit juste d’être à la bonne place, au bon moment, d’avoir le soutien essentiel, accompagné d’une bonne dose de chance ?
Et si…? la liste peut être interminable!
Car ce qu’on oublie, avoir une idée d’entreprise et la mettre en action ne suffisent pas. Il faut se faire entourer de gens dévoués, très qualifiés, des compétences diversifiées, pour faire grandir et faire prospérer une entreprise, l’ aider à réussir, la soutenir, l’enrichir.
Et si entreprendre n’est juste que la conséquence de ce que les premiers entrepreneurs n’ont pas suffisamment appris à faire: SOULIGNER LEUR RÉUSSITE EN CÉLÉBRANT LEURS COLLABORATEURS?
Et si…?
Et si enfin, on reconsidérait la valeur des carriéristes et qu’on leur apportait plus d’outils pour réussir, réussir à porter les entrepreneurs dans leurs idées de génie?