
Dans un moment de découragement face à un projet personnel, je me suis souvenue du passage d’un livre que j’avais lu il y a quelques temps et j’ai décidé de me soumettre à un exercice bien particulier. Et j’aimerais partager ici mon retour d’expérience.
Dans: « L’univers de la possibilité: un art à découvrir » de Benjamin Zander et Rosamund Stone Zander, (Un monde différent, mars 2003), les auteurs expliquaient comment ils en étaient arrivés à une décision commune quant à la manière de noter leurs étudiants. Etant donné que nous évoluons dans un monde très compétitif, la majorité des étudiants était toujours stressée par leur note finale. Malgré qu’ils passaient leur temps à leur expliquer que dans leur cas, les notes étaient très peu représentatives du travail accompli, ces derniers avaient du mal à se départir de la question de savoir dans quel tiers final ils seront classés, (A, B ou C)?
Fallait-il se passer de les noter? C’était impossible dans ce monde de mesure puisque l’absence de note peut être tout aussi mal interprétée qu’une mauvaise note. Les gens ont besoin de se situer dans la masse. Plus haut? moyen ou encore en dessous? que ce sont les notes, les numéros, ou encore les fameuses lettres A, B, C, le classement était une échelle de référence de nos performances, et il importe tout autant pour chacun de se situer.
Le couple de professeurs décida donc après de longues analyses et discussions, de donner un « A » à tous les étudiants à l’avance. Mais à une seule condition:
« Il fallait écrire au professeur une lettre datée de la date de fin de la session, pour expliquer avec plus de détails, pourquoi l’étudiant méritait la note A ».
Cette lettre devrait commencer de cette manière: « Cher monsieur Zander, j’ai obtenu un A parce que… ».
Je décidai alors de m’attribuer d’entrée de jeu, la note « A » pour ce projet qui représentait pour moi une montagne russe. Et dans une belle lettre dont j’ai le secret, j’ai essayé de justifier pourquoi je méritais un « A ».
Tout au long de cet exercice, je me suis surprise sans forcément y mettre d’efforts, à coucher mon projet de façon animée sur le papier. Dans un premier temps, j’expliquais ce qui m’avait motivée à vouloir y aller, puis de long en large, j’ai passé le temps à faire un éventail de mes compétences relatives au projet, de mes forces, de mes connaissances et surtout de revenir plusieurs fois sur le but du projet. Comment je pense que cela va profiter aux autres, pourquoi il est important pour moi de le réaliser. Plus j’avançais dans ma lettre, plus je dressais le plan: les étapes que je pense devoir franchir, les obstacles possibles et je donnais même des alternatives au cas où mes propositions ou mes éventualités n’allaient pas se réaliser. J’osais beaucoup même dans ma lettre, car je redistribuais déjà les bénéfices de mon succès. Comment je compte les réinvestir, à qui j’allais en faire profiter, avec qui j’allais m’allier etc etc. C’était fabuleux! Je me suis rendue compte que cela m’avait pris moins d’énergie pour dresser un genre de « plan d’affaires » à travers une lettre, juste à la pensée que je « méritais » de réussir mon projet.
La chose la plus magique pour moi, s’était de me rendre compte de toutes les éventualités qui s’offraient à moi une fois que j’éliminais d’office l’échec de mes possibilités.
Il faut ajouter que le professeur avait donné quelques recommandations lors de la rédaction de cette lettre que je me dois de rappeler ici:
- La lettre doit être semblable à un rapport qu’on rédige, en s’imaginant être dans l’avenir, ou dans la condition finale que nous désirons, tout en jetant un regard en arrière;
- La lettre doit être écrite au passé (quoique post-datée), et être exprimée par des verbes d’actions.
- Il fallait se mettre dans la condition de quelqu’un qui a fait un parcours, expliquer les obstacles rencontrés et les défis relevés, qui nous feraient mériter notre note.
- Il était important de mettre l’accent sur « la personne qu’on est devenue » tout au long de ce parcours, cette personne qui mériterait bien de gagner cet A. Dans ce dernier point, j’aimerais ajouter que tout projet qui ne nous transforme pas en une personne meilleure n’a aucun mérite d’être porté au grand jour.
L’une de mes conclusions demeure que le succès et l’échec sont des dispositions de l’esprit. Se lancer dans un projet, quel qu’il soit, est risqué, mais l’éventualité de la réussite galvanise et nous oblige à nous structurer.
« La réussite appelle la réussite. Oser vous donner d’avance un A dans vos projets peut être un levier de réussite au point de départ ».
Alors, c’est à votre tour de vous donner un « A » pour ce projet qui vous paraît si phénoménal et irréalisable. Il ne coûte rien d’essayer. Vous serez surpris d’aimer et surtout d’y être contaminés pour toujours!
Références:
L’univers de la possibilité, Benjamin Zander et Rosamund Stone Zender, Un monde différent, mars 2003, chapitre: Le troisième exercice, Donner un A, page 39 à 42.