Suite à mon article du mois passé, certains d’entre vous ont réagi et m’ont fait part de leur expérience de recherche de mentors.
J’en étais touchée, car personnellement, mon parcours était presque pareil, et à ce jour, je peux dire sans honte que je n’ai toujours pas de mentor.e officiel.le. Et pourtant, ce n’est pas faute d’en avoir cherché.
L’article s’est résumé à expliquer l’importance d’un.e mentor.e, comment choisir et quels critères doivent nous guider. Mais j’ai omis de parler de certaines péripéties et du flot de sentiments négatifs que cela peut susciter ainsi que les éventuelles déceptions. Je me fais alors un honneur de développer cette partie dans cet article.
Trouver un mentor qui matche avec vous n’est pas toujours évident.
Dans ma démarche d’intégrer la société des psychologues du travail et des organisations du Québec, l’ordre professionnel m’a imposé de trouver un.e mentor.e.
Dans un travail minutieux d’appariement, j’ai été mise en contact avec une personne d’expérience. Après notre première discussion, elle s’est dessaisie de mon dossier. Quand j’ai poussé un peu plus loin mon enquête, j’ai appris « qu’elle ne se sentait pas capable de m’apporter de la valeur ajoutée. » Puis on m’assigna une autre, qui, elle oubliait tous nos rendez-vous ou faisait décrocher son téléphone soit par sa petite fille ou son mari. Enfin vint un autre, qui me demanda de lui faire de la prospection au téléphone toute la journée pour lui trouver un appareil orthopédique moins cher (aucun lien avec la mission) bref.
- Un.e mentor.e n’est pas toujours accessible
Il peut nous arriver d’admirer une personne, de vouloir lui ressembler, de vouloir nous faire coacher par cette personne, mais qu’elle nous semble si inaccessible ! L’inaccessibilité peut être causée par la position socio-professionnelle de la personne, car une personnalité publique ou politique, ou encore la position géographique (Michelle Obama, Oprah Winfrey). C’est souvent le type de mentorat qui modèle la jeunesse : les stars de télé, de cinéma, de sport, etc. Dans ce cas, point de frustration, nous étions conscients au départ que seules les actualités sur la vie de cette personne puissent nous guider ou inspirer.
Mais il arrive bien souvent que la personne soit pourtant proche de nous, parfois même un patron, ou encore accessible juste par personne intermédiaire, mais, se « rend inaccessible ». Ce type de personne qui sait qu’elle suscite de l’admiration, mais dont le succès gonfle l’égo et qui pense que partager, coacher, parrainer ou encore se rendre accessible est comme une forme d’humiliation. Il ne vous le dit pas, mais vous le voyez et le lisez dans ses gestes. Il ignore votre demande, évite de vous rencontrer ou feint de comprendre : Cette personne ne mérite pas d’être votre mentor.
2. Une personne qui est glaciale, ou indifférente ne mérite pas d’être votre mentor.e
J’appréciais beaucoup une professeure de mathématiques à l’Université. En elle, je revoyais toute la rigueur de mon éducation, je voyais une mère accomplie, une femme intelligente et surtout, une personne qui restait elle-même malgré toutes les critiques du milieu. Je n’ai pas pu être son étudiante, mais la loi d’attraction nous a réunis après dans un comité de travail puis dernièrement sur un forum d’orientation académique. Cette personne, malgré que toute mon admiration demeure pour elle, ne méritait plus définitivement d’être mon mentor. J’avais compris qu’elle reconnaissait mon esprit brillant, mais a vraiment du mal à me l’exprimer et le reconnaître publiquement. Je l’ai contacté en privé après, et quoiqu’ayant lu mes messages, n’a jamais daigné y répondre. Un.e vrai.e leader est humble. Un.e vrai.e leader reconnait les personnes comme lui.elle, sinon il.elle ne l’est pas. Ce type de déception est très courante surtout avec les vrai.e.s intellectuel.les. Ils. elles prennent la connaissance pour leur apanage et semblent presque jaloux.ses de voir que d’autres personnes sont capables d’en acquérir comme eux.
3. Une personne qui a peur de la concurrence ne peut être un bon mentor.
Cela peut arriver et cela arrive très souvent dans le milieu des affaires ou encore des corps professionnels ayant des ordres : médecin, avocat, notaire, architecte. Ce type de personnes ayant déjà réussi dans le métier, très inspirantes pour les juniors et qui sait détecter les vrais talents. Dès que cette personne vous voit, dès qu’elle prend la mesure de votre potentiel, elle a peur de vous. Cette personne revoit en vous, la personne qu’elle a été, et projette déjà ce que vous allez devenir après son mentorat. Plus accompli.e, plus connu.e, plus réussi.e sans doute. Et laissant son égo parler, elle vous évite ou pire, peut vous fermer les portes dès le départ. Fuyez sans regret ce type d’individu.
4. Que peut-il advenir entre un mentor homme et une femme ? Quid du sexe ?
La grande question ! et la vraie qui arrête souvent les femmes à demander l’aide des hommes déjà accomplis, surtout dans le milieu professionnel africain, ou le harcèlement sexuel est encore un sujet tabou. 80 % des hommes ayant du pouvoir et de l’influence veulent toujours abuser sexuellement de leur protégée dans le milieu professionnel. Pire, les femmes qui ont réussi n’ont aucun plaisir à voir leur sœur faire de même. Bonjour la sororité !
Pour clore ce chapitre, je vais vous parler de mon premier patron, qui je le sais au fonds de mon cœur, a fait de moi la vraie professionnelle que je suis devenue. Un homme de la vieille école, qui a réussi dans les affaires, qu’on dit ne laisser passer aucune femme (et c’est l’ignoble vérité), grand coureur, riche, et très influent. Je ne puis dire par quelle magie je n’ai jamais été sa victime, mais je pense que c’est cette même magie qui m’a permis de toujours entretenir d’excellentes relations avec tous mes professeurs hommes sans jamais eu de problèmes. En lui, j’ai vu un père, et ce fut le premier qui m’a dit que « j’étais née cheffe, j’étais née pour diriger, j’étais née pour dominer ». Il me le répétait sans cesse de sorte que 18 ans après, j’y crois comme fer. Mais peu de gens l’ayant côtoyé ont gardé de bons souvenirs, homme comme femme. Il était d’une cruauté sans bornes, et pouvait briser votre carrière parce que vous lui avez résisté.
Trouver un mentor peut être un vrai chemin de croix. Il y a tellement de cas, mais l’essentiel du message se résume à ceci : « trouver un mentor ne doit pas être un acte de force ». Parfois, vous le découvrez sans le chercher, ou encore, c’est après avoir fini toute relation avec cette personne que vous mesurez son impact sur votre vie. Tout ce qui construit et qui est positif vient sans effort.
Refusez toute relation qui vous met dans des situations humiliantes ou toute personne aussi admirable soit-elle, place son égo au-dessus de votre relation.
Soyez-vous ! Vous en inspirerez alors d’autres.